Dr. Assane Diop : Biologist, Community Pharmacist, Syndicalist… A Man of Challenges
PROFIL – Edition n°6 – Mars 2021
DR ASSANE DIOP
BIOLOGISTE, PHARMACIEN D’OFFICINE, SYNDICALISTE…
UN HOMME DE DEFI
Connu pour son amour et sa passion incommensurable pour la biologie, Docteur Assane Diop a finalement atterrit derrière le comptoir d’une pharmacie. De l’hôpital de Saint-Louis, au répartiteur Laborex, en passant par Kaolack et Ourossogui, il a eu à faire un véritable parcours de combattant. Actuel président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, il occupe aussi le poste de troisième vice-président de l’Alliance du Secteur privé de la santé. Vaillant syndicaliste, il est apprécié par ses pairs. Sa courtoisie, son sens élevé du respect envers ses ainés et ses collaborateurs ne souffrent d’aucune ambiguïté ainsi que son gout très prononcé pour les challenges. Engagé et déterminé pour la bonne cause, il porte le combat de toute une corporation.
Présenté par ses pairs comme talentueux et bosseur, Docteur Assane Diop, s’est toujours battu pour la cause noble des pharmaciens. Ayant fait ses débuts dans le domaine de la biologie à l’hôpital de Ourosogui dans les années 99 puis à l’hôpital de Saint-Louis comme pharmacien Chef où il a occupé successivement les fonctions de responsable de laboratoire et celui de la pharmacie hospitalière jusqu’en 2003. Il quitta Saint-Louis pour rejoindre Laborex à Dakar où il at ravaillé avec le responsable approvisionnement pendant quelques mois avant d’être promu chef d’agence à Kaolack puis à Dakar- Plateau. Homme de défi et persévérant, il se lance un autre challenge dans l’officine avec l’achat en 2010 de la pharmacie du Boulevard située à Médina. Après avoir fait ses preuves dans le secteur public comme dans le privé, le Dr Assane Diop dans ses boubous de syndicaliste grand défenseur de sa profession, ambitionne d’aller vers l’industrie pharmaceutique avec un projet en main.
Jeune pharmacien, il porte le combat de toute une corporation
Diop ne recule jamais devant un obstacle, disait l’autre. Docteur Assane Diop en est la parfaite illustration. Jeune biologiste, il a dû quitter l’hôpital de Saint Louis pour d’autres horizons, convaincu qu’il serait plus utile ailleurs pour dynamiser le secteur pharmaceutique. Son engagement dans le syndicalisme est total et entier. Déterminé et dévoué dans son travail, il a toujours su dire non à certaines pratiques. Néanmoins ce jeune biologiste se désole du fait que les hôpitaux ne donnent pas toujours à la biologie son importance. « Pour preuve, dans la fonction publique, on recrute souvent des pharmaciens qui ont fait l’option biologie, c’est-à-dire une année et demi de formation et qui souvent, ne font pas le tour de toutes les options en biologie », regrette Dr Assane Diop. Pis, il fustige le fait que la gestion des laboratoires soit souvent confiée à ceux-là même dont la formation pose vraiment problème ou à des techniciens supérieurs. Par ailleurs, il estime que le véritable problème des biologistes réside dans la formation. Et pour y parer, il préconise une réforme de la formation des pharmaciens biologistes. Mieux, ajoute-t-il : « Il faut trouver une formule pour avoir suffisamment de pharmaciens biologistes. Car, le rôle du pharmacien ne saurait se limiter à acheter en gros, stocker et vendre ; la pharmacie constitue une grande diversité de métiers. »
A en croire Dr Diop, la lutte syndicale est un sacerdoce. En effet, le pharmacien est d’avis qu’il faut s’engager pour sauver une profession aussi noble. Même si cela demande beaucoup d’énergie, un don de soi et du temps. Apprécié par ses pairs, son sens élevé de défendre à tout prix, une profession infiltrée quelques fois par des personnes aux pratiques peu orthodoxes, le Docteur Diop se bat pour que la profession pharmaceutique reste aux mains des pharmaciens. Devant toutes sortes de contraintes, le jeune pharmacien ne compte pas abdiquer. Pour défendre les intérêts de ses collègues, le responsable moral qu’il incarne, est parfois contraint de passer des journées entières en dehors de son officine comme le témoignent ses collaborateurs à l’image de l’assistante du syndicat. Pour Dr. Diop, la pharmacie est un métier qui va au-delà de la vente du médicament. A l’officine, il a également des missions de dépistage, de prévention et d’éducation thérapeutique. Il est aussi retrouvé à l’hôpital, dans la distribution, au niveau des laboratoires de contrôles des médicaments, dans les unités de fabrication, etc.
En outre, il tire la sonnette d’alarme sur les menaces qui pèsent sur l’avenir de la profession avec des maux comme l’exercice illégal, le trafic illicite de médicaments. Des menaces qui veulent ramener la pharmacie à sa plus simple expression. D’où cette alerte du Docteur Diop envers les autorités étatiques car, « un système sanitaire ne peut pas tenir sans pharmacien ». Il préconise par ailleurs, une lutte efficiente contre la vente illicite et le trafic de médicament. Laquelle lutte sera axée sur une application rigoureuse des textes qui organisent l’importation, le stockage, la distribution et la détention de médicaments. Quant à l’exercice illégal, Assane Diop, renseigne que c’est souvent des professionnels de santé qui s’y adonnent.
Toujours dans la lutte syndicale, il compte faire sienne la contextualisation des textes. Selon lui, il est inconcevable pour le pharmacien de « travailler sur la base de textes qui datent de 1954 ». Face à ce constat, une révision des textes est un challenge, pour Assane Diop. Hormis ce défi, il compte se battre pour l’insertion des jeunes pharmaciens, mais aussi travailler à l’adéquation de la formation et de l’emploi. « D’autant plus qu’on le constate pour s’en désoler, jusqu’à présent l’officine emploie presque 98% des pharmaciens formés au Sénégal alors que le pharmacien peut travailler dans beaucoup d’autres domaines comme l’industrie pharmaceutique, la biologie, l’administration douanière, l’industrie alimentaire, etc. » a-t-il renseigné. De l’avis du trésorier général de l’intersyndicale des pharmaciens d’Afrique, il faudrait que les autorités réfléchissent sur de nouveaux débouchés pour les jeunes pharmaciens.
Un avenir sombre pour la profession
Même s’il n’a pas l’intention d’être un oiseau de mauvais augure, le Docteur Diop prédit un avenir sombre pour la profession de pharmacien si les pouvoirs publics ne choisissent pas de nouvelles orientations. La situation actuelle de l’industrie pharmaceutique n’est pas du tout radieuse. Il se désole du fait que le Sénégal ne dispose presque plus d’unité fonctionnelle, en dehors de Parentrus qui produit des solutés. Une situation qui n’est pas favorable au développement de l’industrie pharmaceutique au Sénégal. « Globalement on n’a pas beaucoup avancé dans le domaine de l’industrie pharmaceutique. A ce jour l’avenir de la pharmacie est très sombre, je ne veux pas être quelqu’un de négatif. Il faut nécessairement aller vers la réforme de l’environnement des affaires pour rendre le marché plus attractif et des mesures incitatives allant dans le sens de la baisse des couts de production », renseigne le propriétaire de la pharmacie du boulevard.
D’autre part, il regrette que la direction de la pharmacie et du médicament censée réguler le milieu, pose des actes allant à l’encontre même des intérêts de la profession. « Nous avons vu ce qui se passe avec la grande pharmacie dakaroise, le projet de révision des textes, le projet de loi portant sur les conditions de création, de transfert et de cession des officines, les difficultés que rencontrent les grossistes répartiteurs dans l’exercice de leur métier, etc. Tant qu’on est dans cette situation-là, l’avenir n’est pas du tout radieux pour la profession », a souligné le président du conseil d’administration de Socafi pharma. Par ailleurs, il reste peiné à l’idée de voir le rôle du pharmacien strictement réduit à vendre des médicaments. Il est d’avis que l’Etat doit revoir ce statut du pharmacien dans la mesure où, sous l’angle de la compétence, le pharmacien devrait pouvoir, avec un bon encadrement, exercer de nouvelles missions comme c’est le cas ailleurs.
Docteur Assane Diop est convaincu qu’une bonne implication du secteur privé permettrait à l’Etat de mieux capitaliser et maîtriser les données et d’atteindre ses objectifs dans le domaine de santé publique.
AISSATOU DIOP