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Dr Abdou Ngom : Président du Collectif des Pharmaciens de Guédiawaye et visionnaire de la souveraineté pharmaceutique au Sénégal

PROFIL – Edition n°11 – Février 2022

DR ABDOU NGOM

PRESIDENT DU COLLECTIF DES PHARMACIENS DE GUEDIAWAYE



« LE COPHARG EST UN MOYEN DE FACILITATION POUR LES PHARMACIENS »

Titulaire de la pharmacie « Mossane à Hamo 6 » à Guédiawaye, Dr Abdou Ngom est par ailleurs le président du collectif des pharmaciens de Guédiawaye. Jeune diplômé, très ambitieux, ce pharmacien a des rêves qui vont au-delà du comptoir. Du copharg en passant par « Teranga Pharma » dont il administrateur, Dr Ngom prédit la souveraineté pharmaceutique du Sénégal dans les années à venir. Dans cet entretien exclusif accordé à Médical Actu, il revient sur le rôle de cette organisation qui a réussi à faire ses preuves dans le domaine de la pharmacie notamment à Guédiawaye, mais également relate les limites du Copharg. Non sans prodiguer des conseils à ses jeunes collègues.

Le Copharg en marche

Le copharg (Collectif des Pharmaciens de Guediawaye) existait avant que je ne sois président dudit collectif. Il a donc été créé en 2007 par les anciens pharmaciens comme Drs Abdoulaye Sy, Oureye Dabo, Constance Faye, Idrissa Barry et tant d’autres. Le but est de favoriser un cadre d’échange entre les pharmaciens de la zone. Les adhérents du département de Guédiawaye sont tous des pharmaciens d’officine avec un noyau dur d’environ 50 pharmacies. Le Copharg est une association à but non lucratif, un cadre de confraternité, d’échange, de partage d’expérience et de solidarité. Nous discutons de tous les aspects relatifs à la profession et à l’exercice de notre métier qui est en perpétuelle mutation mais aussi pour trouver des solutions aux différents défis auxquels nous sommes confrontés.

Nous collaborons étroitement avec les instances de la profession notamment l’ordre, le syndicat dont nous constituons des relais. Nous soutenons aussi des relations avec les institutions locales tels que le préfet, les médecins chef de district, le commandant de police et les élus locaux. Le Copharg participe aussi à la formation des pharmaciens en collaboration avec les différents laboratoires, mais aussi coordonne les activités sociales des pharmaciens avec des dons, des soutiens aux Daaras entre autres. Nous faisons aussi des dons de nourriture et d’habits à la maison d’accueil des filles et femmes victimes de violences, logée à la maison rose de Guédiawaye.

Réalisations et difficultés du Copharg

Dans la formation en continue des pharmaciens, nous collaborons avec différents laboratoires pour l’organisation d’ateliers (EPU) sur différentes thématiques comme le médical, le management et le leadership. Avec l’avènement de la pandémie Covid-19, nous avons participé à l’élan de solidarité nationale avec des dons en produits d’entretien, des gants, des masques, des dispositifs de lavage des mains répartis entre les différents districts de Guédiawaye, de l’hôpital « Dalal Jaam ».  Il y a aussi un accompagnement des confrères qui sont en difficulté en leur prodiguant des conseils et en les mettant en collaboration avec des distributeurs. On a un comité des sages qui s’occupe de ces questions dans une entière discrétion. Pour les facteurs bloquants, c’est surtout du point de vue de la mobilisation. Car un pharmacien est d’abord un chef d’entreprise et en ce sens, il a souvent des contraintes de temps. En externe, ce sont les limites administratives du Copharg sachant que nous sommes sous tutelle de l’ordre et du syndicat qui ne nous donnent qu’un simple rôle de contribution et de suggestion. Il nous est souvent difficile de matérialiser des actes.

Mise sur le marché des produits de « Teranga pharma» dans les officines

L’entreprise pharmaceutique « Teranga pharma » matérialise l’expertise des pharmaciens du Sénégal. L’idée est née du Dr Mouhamadou Sow avec le soutien des pharmaciens qui ont contribué à sa réalisation. Cela montre qu’ensemble tout est possible.  Il faut simplement que chacun s’y mette pour que de grandes réalisations puissent se faire. Nous sommes partis du constat que les grandes firmes multinationales qui étaient là, ont tous déserté le tissu industriel pharmaceutique. C’est à partir de ce moment que tous les pharmaciens se sont mobilisés et ont mis en place des idées qui ont conduit à ce résultat. On a une adhésion totale. Après le lancement des produits, on a fait le tour du Sénégal et on a eu un retour favorable des produits de Teranga pharma. C’est un sentiment de fierté qui se lisait sur le visage de tous les pharmaciens rencontrés. L’appui de l’Etat s’est matérialisé à travers les différentes rencontres qu’on a eues avec le ministre du budget qui nous a donné un franc symbolique sur la location du site.

En dehors de la location, quelles sont vos attentes auprès du gouvernement sénégalais ?

Mais nous demandons que l’Etat continue de nous appuyer en enlevant par exemple la taxe relative à la Tva. Ce montant pourrait être réinvesti dans l’usine pour augmenter la capacité de production et le nombre d’emplois. Au niveau du ministère de la santé également, avec la direction de la pharmacie et du médicament (DPM) qui nous a aidé sur les AMM.

Parmi nos attentes, figurent : l’autorisation du centre de distribution à l’export qui constitue une partie importante du business plan, le statut d’entreprise défiscalisée qui permettra d’augmenter les emplois et de réinvestir pour augmenter les capacités de production, l’obtention du bail emphytéotique qui nous permettra de lever facilement des fonds sur les marchés financiers et également nous attendons de lui, un appui conséquent sur la réduction des coûts de l’électricité. Autant de facteurs qui constituent un blocage dans la production. L’industrie consomme beaucoup d’énergie. L’Etat doit aussi nous attribuer une exonération de taxe notamment sur la TVA. Cela nous permettra d’être plus compétitif, d’augmenter le nombre de salariés dans l’usine mais surtout d’augmenter la production. En outre, je reste convaincu que cette production montre à suffisance que la souveraineté phar­maceutique profile bien à l’horizon. Pour la simple raison que sur la liste des 18 molécules jugées prioritaires par le gouvernement, nous disposons déjà de 17. Il ne manque que la molécule pour le traitement du cancer. Alors que notre portefeuille global est composé de 74 molécules qu’on va mettre sur le marché dans les années à venir. Et sur cet élan, la souveraineté pharmaceutique sera bientôt une réalité au Sénégal. Mais on aura besoin pour ce faire du soutien de l’Etat.

Quelques conseils pour les jeunes pharmaciens ?

Je leur demande de faire preuve de plus de patience. Comme le dit l’adage « Rome ne s’est pas faite en un jour » et le monde de la pharmacie est pareil. Donc un peu plus de patience et de diversifier les formations. Parce que la pharmacie n’est pas uniquement constituée de l’officine, elle mène à tout. Déjà il y a l’industrie qui est en train de se développer, mais aussi la biologie qui a un fort potentiel de recrutement. Il ne faut surtout pas avoir peur d’aller s’installer à l’intérieur du pays parce que Dakar est saturé. A cela s’ajoutent les différents Master qui s’ouvrent à eux, tels que la cosmétologie, la phyto, etc.

Le mot de la fin…

Pour finir, je souhaite bon vent à Médical Actu, un magazine très riche que nous consommons tous les deux mois. On y découvre des anciens qui nous font un partage très instructif de leurs expériences.

AÏSSATOU DIOP

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